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17 juin 2006

L'art délicat de la présomption d'innocence n'est pas un jeu - Christine Kelly - entrevue Europe 1

La journaliste Christine Kelly, qui vient de publier le livre "Affaire Flactif enquête sur la tuerie du grand Bornand" s'emmêle dans ses propos sur la présomption d'innocence lors de son entrevue sur Europe 1 (fichier au format Real Player) dans l'émission de  Jean-Marc Morandini  (dont on a pu apprécier l'efficacité de ses sources et dont il ne s'est évidemment toujours pas vanté) :

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C.K. : L'affaire commence le 11 avril 2003. C'est la famille Flactif, un promoteur immobilier avec sa compagne et ses trois enfants qui ont disparu. Finalement on apprend, qu'ils ont été assassinés, par ses aveux d'un homme qui s'appelle David Hotyat, même s'il s'est rétracté après : et on se rend compte que cet homme, David Hotyat, était passé devant toutes les caméras avant pour exprimer sa rancoeur à l'égard de la famille Flactif.

J-M.M. : Oui, on a d'ailleurs revu dans le journal de 20 heures de TF1 hier soir par rapport à l'interview qu'il avait donnée à 7 à 8. Pourquoi vous-êtes vous intéressée à cette affaire particulièrement ?

C.K. : Cette affaire particulièrement, parce que j'ai été bouleversée en tant que journaliste et j'ai été bouleversée en tant que femme : parce que trois enfants ont été tués, une femme aussi, et en tant que journaliste, parce que j'ai voulu aller au-delà de l'information, aller savoir ce qu'il se passe parce que c'est un phénomène très rare en matière judiciaire, c'est-à-dire qu'il y a une sorte de renversement de situation puisque les coupables, la famille Flactif en fait qui était coupable d'escroquerie, coupable de disparition, sont devenus subitement des victimes au moment des aveux de David Hotyat, et (euh les) celui qui se faisait passer pour la victime de la famille, celui qui passait pour un homme tout à fait ordinaire est devenu en fait l'assassin présumé à ce moment-là et là on a eu un renversement de situation et pendant des mois la famille Flactif a été accusée jusque dans sa tombe et moi ça m'a déchiré le coeur de voir qu'elle était déjà assassinée, réduite en cendres alors que cette famille été encore accusée.

J-M.M. : Alors, c'est toujours risqué de sortir un livre sur une affaire comme celle-là tant que le jugement n'a pas été rendu. Est-ce que vous vous attendiez à ce que David Hotyat demande à ce que le livre soit retiré de la vente.

C.K. : Non, mais c'est vrai que David Hotyat avait déjà, l'assassin présumé avait déjà demandé à plusieurs reprises de retirer un album des ventes, il avait déjà attaqué aussi une autre chaîne télé, donc il a, donc c'est vrai quelque part je ne m'attendais pas à autant de procès, j'en ai eu un plus un double procès avec Alexandra Lefèvre aussi, j'en ai eu trois en fait quelque part au total et je ne m'attendais pas à autant de procès c'est vrai mais c'est vrai que j'ai pris le risque en faisant très attention, en prenant des précautions nécessaires, en ne portant pas atteinte à la présomption d'innoncence justement en étant la plus honnête et la plus objective possible.

J-M.M. : Oui parce que c'est ça le risque, c'est sortir un livre alors qu'il n'y a pas eu de jugement. On peut se dire : voilà, est-ce que vous ne risquez pas, peut-être, d'influencer les jurés, d'influencer l'opinion publique ?

C.K. : Il faut dire que les faits sont très très forts et je n'ai raconté que les faits que des informations et c'est vrai que mon métier c'est d'informer alors j'ai fait attention pour ne pas accuser David Hotyat : par exemple je n'ai jamais appelé "assassin" ni même "assassin présumé" je l'ai toujours appelé par son nom. J'ai tenu à donner à chacun une part d'humanité, qui à David Hotyat, qui à Alexandra Lefèvre, qui à Xavier Flactif, qui à son épouse, et j'ai voulu respecter chacun (de ceux-là) mais c'est vrai que c'est très très difficile et ça a été un exercice terriblement difficile pour moi non seulement avoir accès à l'information en pleine instruction mais en plus effectivement respecter l'instruction et ne pas porter atteinte à la présomption d'innocence mais c'est vrai que c'est ce qui m'a interessée aussi dans cette affaire c'est apprendre à jouer avec cet exercice très difficile.

J-M. M. : Est-ce que vous-même d'ailleurs vous avez des certitudes sur le ou les personnes qui ont assassiné cette famille ?

C.K. : Entre nous justement je n'ai aucune certitude et parce que je me suis plongée dans l'affaire, à quatre-vingt dix pour cent j'ai une petite idée : je laisse effectivement la cour décider, on aura le verdict le trente juin. Il y a, c'est vrai qu'on a beaucoup beaucoup d'éléments qui pourraient accuser l'assassin présumé mais je laisse toujours une part (une part) à la vérité parce que c'est vrai que donc, même si dans mon enquête je me suis appliquée à l'écriture de la vérité mais la vérité ne sortira que du tribunal : j'ai appris beaucoup de choses, j'ai découvert beaucoup de choses sur l'assassin présumé, sur sa famille, sur sa relation avec Xavier Flactif, mais c'est vrai que je ne peux pas me permettre de porter un jugement.

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