L'art du graphique subjectif - JT 20h - TF1

Il fait chaud en été !
On ne s'en rend pas forcément compte mais heureusement de gentils journalistes soucieux de bien faire leur métier n'hésitent pas à nous le rappeler.

Et pour prouver leur bonne foi et surtout bien marquer les esprits, rien de mieux que de s'appuyer sur un graphique basé sur les données de la très sérieuse entreprise Météo France.

Le seul problème, c'est qu'apparemment les graphiques fournis par Météo France ne semblent pas avoir suffisamment convaincu des journalistes de TF1 qui n'ont pas hésité à les refaire et du coup à les trafiquer pour nous donner encore plus l'impression d'un déréglement climatique et de canicule inhabituelle.

Pour preuve donc, dans le JT de 20h du mardi 18 juillet, on a pu voir entre autres ce graphique :

Il est peut-être bien joli leur graphique (sur fond rouge et éblouissements de soleil pour ceux qui n'auraient pas encore bien compris le message) mais il est impossible à interpréter correctement, puisque pour 7 années comprises entre 1950 et 1990, il y a à la fois une barre rouge et une partie coloriée en bleu !!

Ainsi, de 1950 à 1990, le journaliste chargé de refaire le graphique de Météo France ci-dessous qui est disponible à cette adresse internet (en fichier pdf, cliquer sur :"Température en France en été : écart à la normale (période 1950-2005, juin-juillet-août)" ) :

Le graphique de Météo France est pourtant déjà très parlant mais apparemment, le fait que certaines années ne connaissent pas d'écart vraiment significatif n'a pas dû plaire au journaliste de TF1.

Et pour terminer, il faut souligner encore un petit dérapage de sa part pour accentuer cette impression de déreglement climatique : lors de l'été 2003, ce n'est pas un écart à la normale de +3,8°C mais de +3,7°C (comme on peut le trouver toujours sur le site internet de Météo France, à la même adresse que plus haut et en cliquant cette fois sur "Etés remarquables en France depuis 1950") : l'erreur est certes minime, mais comme par hasard en faveur de l'angle de vue alarmiste du reportage sur ces périodes de canicule.

Ah, la rigueur et l'objectivité journalistique...