Jeudi dernier (10 avril 2008) dans le JT de 20h sur France 2.

Un reportage, suite à des manifestations de lycéens, voulant vraisemblablement éclairer le téléspectateur moyen que je suis, nous bombarde de chiffres sans, comme d'habitude, nous laisser le temps de vraiment les apprécier.

Retour en images sur les chiffres cités :

"Un chiffre fait danser devant les lycées bloqués, celui des suppressions de postes :

11 200 pour la prochaine rentrée, dont 8 830 postes de professeurs en collèges et lycées."

Pour l'instant, tout est clair et parfaitement compréhensible.

"Une saignée pour eux. Le ministère de l'éducation, lui, assure que l'impact sur l'enseignement sera neutre.

Il s'appuie sur la démographie : effectivement, le second degré devrait perdre 40 600 élèves l'an prochain."

Toujours pas de problème mais on apprécie au passage la précision du chiffre donné en image : 40 601 !

"Mais cette perte ne correspond en fait qu'à 1 500 suppressions de postes."

Là ça commence déjà à être légèrement ambigüe : s'agit-il de 1 500 postes d'enseignants (donc parmi les 8 830) ou de 1 500 tout cours (donc parmi les 11 200) ?

Bon, à la limite, pour l'instant ça n'a pas d'importance.

Au passage, j'en profite pour faire un rapide calcul :
40 601 divisé par 1 500, cela nous fait donc un tout petit peu plus de 27 élèves par poste supprimé.

"Le gouvernement compte donc essentiellement sur la transformation de 5 000 emplois en heures supplémentaires.

Une économie pour l'Etat mais un pari : rien ne dit que les enseignants se porteront volontaires, au contraire."

Bon, là il n'y a plus vraiment de doutes : les 5 000 postes sont des postes d'enseignants.

Mais 1 500 plus 5 000, cela fait seulement 6 500 postes : comment arrive-t-on donc à 8 830 (ou éventuellement 11 200) postes ?

Car le problème de ce reportage, c'est qu'on ne comprend donc finalement pas si le gouvernement à surévaluer le nombre de suppressions de postes ou bien si la journaliste a laissé de côté les explications sur les autres suppressions de postes.

Car, en résumé : la journaliste commence par dire 11 200 postes supprimés dont 8 830 postes d'enseignants en collège et lycée, et nous sort finalement les chiffres de 1 500 puis 5 000 postes (soit un total de 6 500).

Et en plus, le reportage n'est pas tout à fait fini...

"En attendant, dans les établissements on arbitre.

Avec moins de moyens, surtout en zone défavorisée, le monde enseignant redoute une baisse de qualité.

Ce n'est qu'une moyenne, mais avec 12 élèves par enseignant, la France est mieux dotée que la Finlande ou l'Allemagne, sans obtenir de meilleurs résultats."

Raccourci vraiment affligeant.

Bon déjà, cela aurait été bien de citer la source de ces chiffres, qui, après une rapide recherche sur internet, semblent provenir de l'INSEE

Au passage quand on visite ce lien, on s'aperçoit que si la France est effectivement mieux dotée pour le second degré, ce n'est en revanche pas vrai pour le premier degré.

Et on note également une petite astérisque (sur le site de l'INSEE) concernant le Royaume-Uni : donc si la journaliste s'est effectivement servie de ces chiffres, elle a commis une erreur grossière en ne précisant pas que le chiffre du Royaume-Uni n'est pas directement comparable à ceux des autres pays cités puisque ne se basant pas sur les mêmes filières.

Car en plus, franchement, dit comme ça, ces chiffres ne veulent pas dire grand chose (à part de sous-entendre qu'il y aurait trop de profs et qu'ils ne seraient pas assez efficace).

Comment comparer le nombre moyen d'élèves pas enseignant étant donné que les systèmes éducatifs, et donc aussi les filières, les matières enseignées et que sais-je encore, sont différents.

Et pourquoi n'avoir précisé que les cas de la Finlande (on se demande d'ailleurs bien pourquoi c'est toujours ce pays qui est donné en exemple et pourquoi pas la Suède ou la Norvège ? ), du Royaume-Uni et de l'Allemagne, sans contre-balancer avec les exemples de la Belgique, de l'Espagne et de l'Italie pourtant présents sur le graphique mais sans leurs chiffres ?

Et toujours à propos de ce chiffre de 12,2 élèves en moyenne par enseignant : finalement c'est à ne plus rien y comprendre quand on repense au chiffre de 1 500 postes supprimés pour cause de démographie correspondant aux 40 600 (ou 40 601 ;-)) élèves en moins.
Je rappelle que j'avais calculé que cela nous faisait une moyenne de 27 élèves par poste supprimé : on est donc vraiment très loin des 12,2 élèves par enseignant (et on en est même encore plus loin que très loin si on considère que ces 1 500 postes ne sont pas tous des postes d'enseignant : cela ferait augmenter encore plus le nombre d'élèves moyen par enseignant).

Non là, vraiment je ne comprends plus l'utilisation de tous ces chiffres qui ne veulent pas dire grand chose car absolument incomparables (d'un pays à l'autre) et surtout contradictoires (nombre moyen d'élèves par enseignant).

Et puis pour en finir avec ce fameux raccourci que j'ai déjà qualifié plus haut d'affligeant : "sans obtenir de meilleurs résultats."

Euh, quels résultats ?

"Le coût d'un lycéen et le nombre d'heures qu'il passe en cours dépasse de 20% la moyenne européenne.

Fort de ce constat, le gouvernement engage une réforme du lycée : en plus de rééquilibrer les filières, il pourrait être tenté d'alléger les emplois du temps et donc la facture éducative.

"

Des chiffres dans tous les sens - JT 20H - France 2

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